Le coût du maintien à domicile : un défi financier pour les familles et les aidants
Une solution humaine… mais coûteuse
Le maintien à domicile des personnes atteintes de maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, sclérose en plaques, etc.) est aujourd’hui privilégié par la majorité des familles. Il permet de conserver un cadre de vie rassurant et des repères essentiels. Pourtant, derrière cette solution humaine et respectueuse se cache une réalité économique complexe.
En 2025, plusieurs études (Insee, Drees) montrent que le maintien à domicile peut représenter un reste à charge de 9 à 11 % du revenu disponible des ménages, un poids lourd pour des familles déjà fragilisées.
Les principales sources de dépenses
1. Les services d’aide à domicile
Les interventions régulières d’auxiliaires de vie ou d’aides-ménagères sont incontournables :
- aide à la toilette et à l’habillage
- préparation et prise des repas
- stimulation cognitive et surveillance.
Le coût horaire varie généralement entre 20 et 30 €, dont une partie est couverte par l’APA ou la PCH. Mais pour une prise en charge quotidienne, la facture mensuelle peut dépasser 2 000 €.
2. Le matériel médical et les aides techniques
Le maintien à domicile nécessite souvent du matériel spécialisé :
- lit médicalisé, fauteuil roulant, fauteuil releveur
- déambulateur, cannes adaptées
- équipements de surveillance (détecteurs de chute, téléassistance).
Certains équipements sont pris en charge par la Sécurité sociale, mais d’autres restent à la charge des familles. Par exemple, un monte-escalier peut coûter de 3 000 à 8 000 €, rarement financé en totalité par les aides.
3. L’adaptation du logement
Pour sécuriser un domicile, il faut parfois engager des travaux importants :
- transformation de la salle de bain (douche à l’italienne, barres d’appui)
- élargissement des portes pour un fauteuil
- installation de rampes d’accès, volets automatisés, sols antidérapants.
Grâce à MaPrimeAdapt’ et d’autres aides, une partie des frais est couverte. Mais les familles doivent souvent avancer plusieurs milliers d’euros avant remboursement.
4. Les frais indirects
Au-delà des dépenses visibles, il existe des coûts cachés :
- temps de travail réduit ou abandonné par les aidants familiaux
- frais de transport pour accompagner la personne malade (consultations, hôpital, activités)
- dépenses énergétiques plus élevées (chauffage, climatisation, éclairage pour sécuriser les déplacements).
Ces frais indirects pèsent lourd dans le budget global, mais sont rarement pris en compte dans les politiques publiques.
Les limites des aides actuelles
Bien que l’APA, la PCH ou encore MaPrimeAdapt’ apportent un soutien essentiel, plusieurs obstacles persistent :
- complexité administrative : dossiers longs, justificatifs multiples, délais d’instruction
- inégalités territoriales : selon les départements, le montant des aides peut varier fortement
- plafonds insuffisants : les besoins dépassent souvent ce qui est financé
- reste à charge important : certaines familles doivent arbitrer entre le confort, la sécurité et la viabilité financière.
Résultat : de nombreux ménages puisent dans leur épargne, sollicitent leurs proches ou renoncent à certaines adaptations pourtant indispensables.
L’impact sur les aidants familiaux
Les proches aidants assument une part considérable des dépenses, directement ou indirectement. Ils subissent aussi une perte de revenus lorsqu’ils réduisent leur activité professionnelle. Selon France Alzheimer, près de 60 % des aidants estiment que la maladie de leur proche a un impact financier significatif sur leur foyer.
De plus, certains frais restent invisibles : alimentation spécifique, loisirs adaptés, dépenses de répit (accueils temporaires, séjours spécialisés).
Les pistes pour alléger la charge financière
Face à ces difficultés, plusieurs solutions émergent :
- mutuelles et assurances dépendance : certaines complémentaires santé proposent des forfaits pour le matériel ou l’aide à domicile
- expérimentations locales : certains départements testent des dispositifs de financement renforcé pour les maladies neurodégénératives
- innovations technologiques : domotique, capteurs intelligents et solutions numériques permettent de sécuriser le domicile à moindre coût sur le long terme
- coopératives et associations : certaines structures mutualisent les services pour réduire les tarifs horaires des aides à domicile.
Conclusion : un équilibre fragile
Le maintien à domicile reste le choix préféré des personnes atteintes de maladies neurodégénératives et de leurs familles. Mais il représente un investissement financier important, parfois difficilement soutenable.
Entre les services quotidiens, le matériel médical, les adaptations du logement et les frais indirects, la facture peut rapidement s’alourdir malgré les aides publiques existantes.
En 2025, le défi est donc double : soutenir davantage financièrement les familles et simplifier l’accès aux dispositifs pour éviter les renoncements. Car maintenir une personne malade chez elle, c’est préserver sa dignité, son autonomie et son bien-être — mais cela ne doit pas se faire au prix d’une précarisation des aidants.